Sélectionner une page

 

Et si nous « Dé-couvrions » nos cheveux crépus ?   Partie 1

Par un dimanche ensoleillé, 32 degrés à l’ombre, les fidèles s’en retournent chez eux après la messe. Certaines femmes portent leurs cheveux naturels plus ou moins courts, agrémentés, comme pour affirmer leur féminité et profiter pleinement de l’air qui circule librement dans leur chevelure. D’autres ont les cheveux défrisés, si bien défrisés que leur mise en plis donne l’impression qu’elles sortent tout droit de chez le coiffeur. D’autres encore portent des perruques plus ou moins longues ou des foulards plus ou moins volumineux, indifférentes à la chaleur ambiante. Quant aux hommes, ils ont en général le crâne rasé ou portent les cheveux courts. Quelques rares audacieux portent des tresses.

                                          

L’âge peut influencer le choix de la coiffure : la quasi-totalité des jeunes filles, qui semblent avoir moins de 25 ans, portent les cheveux naturels tandis que les plus âgées ont les cheveux défrisés ou des foulards. Les coiffures les plus sophistiquées, tissages et tresses jusqu’aux hanches, nattes collées au crâne avec ou non des rajouts, cheveux naturels en afro, en chignon, en twist ou tressés en trois branches, sont portées par des jeunes.

                                                       

Prestance, élégance, tendance, extravagance, me souffle mon mental. Souffrance, dépense et puis conscience s’invitent aussi au ballet de mes pensées. J’essaie de me rassurer car cette diversité capillaire suscite de nombreuses questions. Ces coiffures, sont-elles adoptées en toute connaissance de cause, aussi bien au plan individuel qu’au plan communautaire ? Permettent elles d’assumer leur appartenance au peuple noir perçu négativement ? Réussissent elles à couvrir leurs cheveux naturels abimés ? Traduisent elles leur ardent désir de s’assimiler aux canons de la « beauté blanche » ? Je scrute inlassablement ces coiffures, recherchant dans l’expression des visages et des corps, les réelles motivations de ces choix capillaires.

A première vue, on pourrait penser que ces personnes ne possèdent pas le même type de cheveux et qu’elles vivent sous des climats différents. En tout état de cause, ces différentes coiffures révèlent que le cheveu crépu offre de grandes possibilités de coiffage, parfois inspirées des pratiques ancestrales africaines.

Il y a plusieurs années déjà que j’expérimente cette diversité capillaire qui caractérise l’Afrique noire. Je souhaiterais la partager désormais.

  •         Mon expérience du cheveu crépu

Pour ma part, j’affectionnais particulièrement les tresses au fil noir en coton que je gardais dressées sur ma tête, telles des antennes. Etudiante, j’avais découvert fortuitement, au détour des vacances passées à Abidjan, les « rastas », tresses à 3 branches, mais cette fois-ci réalisées avec des mèches artificielles. C’est cette coiffure que j’ai majoritairement adoptée tout au long de ma vie professionnelle. Je gardais mes tresses 2 à 3 semaines. Elles étaient pratiques parce que je n’avais plus besoin de me coiffer tous les jours ni d’aller toutes les semaines au salon de coiffure, évitant ainsi les fréquentes manipulations, trop douloureuses à mon goût. Les coiffeuses estimaient d’ailleurs que je faisais trop de chichis lorsque je me plaignais de celles qui tiraient exagérément mes cheveux. Devrait on s’acheter de la souffrance avec de l’argent gagné à la sueur de son front ?

Je ne suis pas une partisane des perruques. Les traits africains, en d’autres termes, lèvres épaisses et nez épaté, ne me semblent pas compatibles avec des mèches dont les plus répandues sont lisses et raides. J’y ai quand même eu recours sur recommandation d’une spécialiste capillaire. Du jour au lendemain, après un mois de port assidu, j’avais perdu mes cheveux sur les tempes. L’experte n’a jamais pu m’en expliquer la cause, étant entendu que l’objectif était de laisser mes cheveux se regénérer, après de longues années passées à me tresser. A priori, les mèches empêchent les cheveux de respirer. C’est pour l’heure la seule explication plausible à ma chute de cheveux.

J’ai par ailleurs eu la chance d’être tressée par ma mère, puis par mes sœurs ainées ; des moments exceptionnels de confidences et de réponses aux questionnements de la vie, moments pendant lesquels, la tresseuse était exclusivement consacrée à la tressée.

                                                     

Mon expérience est d’autant plus riche que j’ai été privilégiée par Dame nature qui m’a donné une fille aux cheveux naturels magnifiques. Ils ondulent légèrement lorsqu’elle les porte en chignon bas. Quand elle les ramène vers l’avant, en dégageant sa nuque avec un élastique pour maintenir les cheveux, elle obtient une coiffure volumineuse qui lui tombe un peu sur le front. Admiratifs, tous les professionnels de la coiffure qu’elle a rencontrés ont toujours exprimé leur bonheur à travailler ses cheveux et s’en occupent avec plaisir. Obtenir ce beau rendu passe par le brossage et elle s’est souvent plainte du temps passé à se coiffer les matins d’école, et plus tard de travail, ainsi que de la difficulté du démêlage de ses cheveux.